Guitar and Bass No 53 (France) July/August 1998

-

This article from Guitar and Bass No. 53 (France) highlights Johnny Winter's extraordinary journey as a blues guitarist, overcoming personal struggles to develop a unique style. Known for his fluid playing, Winter's technique relied heavily on pentatonic scales, bending, slide guitar, and thumbpicking, often using open tunings like Open D and Open A. His preferred instruments included vintage Gibson Firebirds for slide guitar and National acoustic guitars for slide and fingerpicking. Winter's amplifier of choice was the Music Man, a model reminiscent of classic Fender amps, contributing to his signature blues sound.

Photo of Johnny Winter - https://vinyl-records.nl/

Guitar and Bass No. 53 (France) July/August 1998
Computer Translation of French text

Blues Special: Exploring the Guitar Techniques of Blues Masters

In this special issue, we delve into the guitar techniques of iconic blues players like Bo Diddley, B.B. King, Jimmy Page, Albert King, Stevie Ray Vaughan, Chuck Berry, Freddie King, Johnny Winter, David Gilmour, Peter Green, Robben Ford, and T-Bone Walker. Specifically, Johnny Winter's blues guitar techniques and tabs are explained in detail on pages 40 and 41.

---

Johnny Winter: A Blues Legend Born from Struggles

If suffering leads to great blues playing, then John Dawson Winter III had all the makings of a master. Born albino, with a pronounced squint, a stutter, and a frail build, Johnny Winter’s life wasn’t easy—but these challenges shaped his music.

Born in 1944 in Texas’s "Golden Triangle" (Beaumont, Port Arthur, and Orange), a prosperous region thanks to oil, shipbuilding, rice plantations, and shrimp fishing, Winter grew up surrounded by diverse cultures. It was this blend of ethnic influences that brought a rich musical heritage to the area, which profoundly impacted Johnny and his brother Edgar.

Early Years and Musical Beginnings

Johnny's first foray into music involved the clarinet and ukulele, but his real passion came alive when he picked up the guitar. Supported by their father, a part-time musician, the Winter brothers were free to explore music. Even though they faced rejection from both white and Black communities—due to their albino appearance and association with Black music—they persisted.

By age 15, Johnny had already released his first album, School Day Blues, as part of the group "Johnny and the Jammers," showcasing his undeniable talent on the guitar. Later, they rebranded as "Johnny & the Black Plague," aiming for an R&B sound, but Johnny’s heart was always in the blues.

The Road to Chicago

Johnny Winter’s journey took him to Louisiana with The Gents and then to Chicago in 1962 to immerse himself in the home of his idols—Muddy Waters and Howlin' Wolf. Though his career was disrupted by drug problems, Winter’s dedication to the blues never wavered. After rehab stints, he eventually became a sideman for Muddy Waters, rejuvenating the blues legend’s career. Their collaboration resulted in four albums, two of which won Grammy Awards.

Johnny Winter’s Guitar Style

Winter’s guitar technique can be summed up in a few key words: pentatonic, bending, slide, thumb pick, and open tuning. However, his artistic approach is far more complex. He often said he felt more like a student than a teacher. His daily practice involved listening to Muddy Waters’ 1941 Plantation recordings on repeat. Muddy Waters was not only his mentor but sometimes his employer.

Winter’s playing was heavily influenced by the rudimentary techniques of Muddy Waters, despite having one of the most fluid styles among blues guitarists. He stood out by using a thumb pick, not only on the bass strings but sometimes as a flat pick. His favorite scales were pentatonic, perfect for blues, and his preferred tunings included Open D, ideal for slide guitar (Mojo Boogie), and the rarer Open A (Mean Town Blues, I Love Everybody). Most of his repertoire, though, was played in standard tuning.

Instruments Used by Johnny Winter

In the 1970s, Johnny Winter was one of the few guitarists using vintage Gibson Firebirds. Many thought he would always play this guitar, built with a through-body neck and small, warm-sounding pickups. However, Winter surprised many when he began playing a headless guitar named Lazer, built by Dan Erlewine.

The Gibson Firebird was mainly used for slide pieces, tuned to Open D (D-A-D-F#-A-D).

For acoustic guitars, Winter owned several National models. The older ones, with their slightly warped necks and high-action strings, were reserved for slide playing, while the newer models were used for fingerpicking.

Amplifiers

Johnny Winter used Music Man amplifiers, which he acquired in 1976 while playing with Muddy Waters. At the time, Leo Fender was still collaborating with the brand, and the sound of the Music Man amps was reminiscent of vintage Fender Bassman and Super Reverb models.

Guitar and Bass No 53 (France) Juillet/Août 1998
Original French Text

Un spécial Blues expliquant les techniques de guitare des maîtres du blues comme : Bo Diddley, B.B. King, Jimmy Page, Albert King, Stevie Ray Vaughan, Chuck Berry, Freddie King, Johnny Winter, David Gilmour, Peter Green, Robben Ford et T-Bone Walker. Les techniques de guitare blues de Johnny Winter et les tablatures sont expliquées en pages 40 et 41.

S'il faut souffrir pour bien jouer le blues, John Dawson Winter III avait un maximum de chances de devenir bon. Albinos, doté d'un fort strabisme, bégayant et maigre comme un clou, le bon Dieu des bluesmen l'avait sacrément chargé.

Il vient au monde en 1944 dans le triangle d'or du Texas, cette région du sud-ouest encadrée de villes comme Beaumont, Port Arthur et Orange, qui est particulièrement prospère : pétrole, construction navale, plantations de riz et pêche à la crevette ont attiré depuis un siècle des ouvriers de toutes ethnies. Leur apport en main-d'œuvre fut certainement dépassé par leur apport culturel, et surtout musical. Petit Johnny et son frère Edgar, tous deux plus blancs que blancs, grandissent musicalement dans ce brassage de courants musicaux. Après avoir tâté de la clarinette et du ukulélé, Johnny passe à un instrument bien plus passionnant. Le père des garçons, musicien à ses heures, permet tout à ses fils rejetés par tous leurs camarades, même quand ils commencent à traîner dans les quartiers noirs ou, pire, quand ils traversent la frontière vers la Louisiane pour déguster l'alcool et le blues.

Avec Edgar, son frère cadet, albinos comme lui, il fonde le groupe "Johnny and the Jammers" et, à peine âgé de 15 ans, il sort l'album School Day Blues, qui ne laisse déjà aucun doute sur son talent de guitariste. Rejetés par le public blanc qui ne leur pardonne pas de se compromettre avec la musique des Noirs, et pas tout à fait acceptés par les gens de couleur à cause de leur apparence d'albinos, les frangins essayent finalement une autre formule plus R&B, cette fois-ci nommée "Johnny & the Black Plague". Malgré quelques succès d'estime, Johnny Winter ne rêve que de jouer du blues, et il part en Louisiane avec un groupe professionnel, "The Gents", puis en 1962 à Chicago pour être dans la ville de ses idoles : Muddy Waters et Howlin' Wolf.

Des problèmes de drogue font avancer sa carrière en dents de scie, et les disques alternent avec les cures de désintoxication. Vers le milieu des années 70, il décide de retourner à l'école pour se ressourcer. Las du stress du leader, il préfère redevenir sideman chez son idole Muddy Waters. Cela régénère la carrière du bluesman noir, et quatre albums, dont deux qui reçoivent un Grammy Award, sont le fruit de cette collaboration.

Stylistique :

Son vocabulaire technique peut se résumer en quelques mots : pentatonique, bending, slide, onglet, open tuning. En revanche, sa démarche artistique pourrait remplir plusieurs volumes. Selon ses propres dires, il s'est toujours senti davantage "élève que prof". D'ailleurs, sa leçon quotidienne commençait toujours par la millième réécoute des enregistrements Plantation de 1941 de Muddy Waters. Muddy Waters est son mentor, son père, et quelquefois son employeur. Il est d'ailleurs étrange que quelqu'un qui possède le jeu le plus fluide des guitaristes de blues soit tellement inspiré par la technique rudimentaire de son gourou. Il se distingue par l'utilisation d'un onglet (thumb pick) qu'il n'emploie pas uniquement sur les cordes graves, mais aussi parfois en guise de médiator. Les gammes qu'il utilise sont à base de pentatoniques, qui se prêtent à merveille au jeu du blues. Ses accordages préférés sont le Open D, facile pour le slide (Mojo Boogie), mais aussi le Open A (Mean Town Blues, I Love Everybody), plus rare. Toutefois, la plupart de son répertoire contient des morceaux joués avec un accordage standard.

Instruments :

Johnny Winter fut dans les années 70 l'un des rares guitaristes à utiliser des vieilles Firebird de Gibson. On pensait même qu'il était marié pour toujours avec cette guitare construite autour d'un manche conducteur et équipée de petits micros au son moelleux, quand il choqua tout le monde en jouant du blues sur une guitare sans tête nommée Lazer, construite par Dan Erlewine.

La Gibson Firebird trouve uniquement son emploi pour les morceaux en slide. Elle est accordée en Open D (Ré-La-Ré-Fa#-La-Ré).

Au niveau des guitares acoustiques, il possède plusieurs National. Les vieux modèles, avec les manches un peu tordus et les cordes à 3 kilomètres du manche, sont réservés au jeu en slide, les nouveaux modèles lui servent pour le picking.

Côté amplis, ce sont des Music Man, acquis en 1976 à l'époque où il jouait avec Muddy Waters. Leo Fender collaborait encore à ce moment-là avec la marque, et le son des Music Man se rapprochait davantage des vieux Fender Bassman et Super Reverb.